Pour ce nouvel article dédié à notre série intitulée « Les dossier BIM@ », nous avons pu compter sur la contribution de Thomas Eglinger, BIM Manager chez SGI, groupe d’ingénierie européen, multidisciplinaire basé au Luxembourg. Thomas nous explique comment son entreprise utilise la technologie BIM pour tracer le passé afin de construire l’avenir.
Les dossiers BIM chez SGI – explorer la smARt tech pour créer un historique parfait au moyen de la Réalité Augmentée
By Thomas Eglinger: BIM Manager at SGI
Depuis plus de 50 ans, SGI Ingénierie SA Luxembourg est active dans le domaine de l’ingénierie : structures de bâtiments, ingénierie technique, infrastructures, ouvrages d’art, gestion de la construction, coordination de la santé et de la sécurité, et gestion de projets. La société emploie une centaine de personnes, chacune ayant pour mission d’assurer la réussite des projets chez ses clients – de la conception à la supervision du chantier
L’approche BIM chez SGI
Pendant plus de 12 ans, j’ai travaillé dans la gestion de projets, en offrant du développement et des services pour un éventail de clients. Depuis 2018, j’occupe le poste de responsable BIM chez SGI.
Pour promouvoir ce que j’appelle la « pensée BIM », je mène en interne toute une série d’initiatives liées au développement du BIM et partage mon expertise lors d’événements externes: conférences , rencontres clients, salons – tels que le salon BIM Lux. Je suis également formateur BIM CRTI-b et IFSB et je travaille avec des universités en France en tant que membre d’un comité pédagogique et directeur de thèse.
Pourquoi ? Je pense que le BIM est une technologie déterminante pour toutes les phases d’un projet de construction. C’est ainsi que nous les faisons progresser. Je prends pour exemple un de nos projet chez SGI, où le BIM nous a permis de recréer le passé au présent afin de créer une vision future.
Le parking des Martyrs – un projet atypique
Construit en 1981, le parking des Martyrs à Luxembourg était composé de trois niveaux souterrains, comprenant 11 000 m2 d’espace jusqu’en septembre 2019, lorsqu’un incendie se propage dans le sous-sol.
Qu’est-ce qui a déclenché le besoin d’ … une rétrospective BIM
La ville de Luxembourg (le département Service Ouvrages d’art) continue à voir le potentiel de l’ouvrage & souhaite réhabiliter le parking endommagé. Une noble cause, mais un défi de taille pour les ingénieurs en construction chargés de l’évaluation et de l’exécution des travaux
- La rénovation de cette « structure » (le parking n’est pas considéré comme un bâtiment en raison des pentes) présente sa propre complexité. Elle comprend des centaines de poutres, des planchers sur dalles et en pente, et des réservations intégrées, elles aussi en pente. Sans compter les déformations dues à l’ancienneté de la structure.
- Le modèle générique ne permettait pas de dessiner le projet dans son ensemble, ce qui compliquait la synthèse des plans existants et futurs ainsi que la coordination entre l’architecte et les bureaux d’études.
- Les différents types de construction et les déformations structurelles, obligent l’équipe à se concentrer davantage sur le modèle structurel et moins sur le modèle architectural.
- Afin de libérer du temps pour les équipes de conception, SGI a d’abord dû créer un modèle numérique à partir de données d’entrée préexistantes : notamment des scans 3D, des plans d’exécution & différents types de relevés existants.
Au fur et à mesure que la mise à jour du modèle progressait, d’autres défis sont apparus. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une image du réelle, la modélisation BIM doit tout de même en faire une représentation fidèle. Malheureusement, il n’était pas possible, en termes de temps et de coût, de modéliser par exemple 317 poutres TT avec chacune leurs particularités et ce en ayant été construites il y a 50 ans..
Des informations telles que l’emplacement des réservations et l’état des corniches sont cruciales, mais seul un ingénieur expert est en mesure de les identifier. Faire appel à un software dédié ou d’outils de géoréférencement étaient compliqués, le budget étant limité, et ce qui étaient examinés n’offraient pas ce dont nous avions vraiment besoin. Alors, que faire ?
SmARt Viewer au profit du rétro-BIM
Mon objectif, tout au long de ce projet, est d’expérimenter un environnement BIM idéal – notamment en réalisant un Retro-BIM et en le transformant progressivement en un processus BIM durable global.
Pour y parvenir, nous avons dû renforcer la coordination et la collaboration autour du modèle et utiliser les bons outils et ainsi parvenir à créer le résultat parfait pour le client : un « as-built » numérique qui valide le projet tel qu’il est, et qui le pérennise.
C’est le défi que je me suis fixé . J’ai commencé à intégrer des solutions numériques basées sur le cloud computing pour créer un processus numérique allégé et intégré. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi Axeobim comme plateforme CDE et que j’ai contacté GenieVision. J’avais besoin d’une solution de RA pour visualiser chaque modèle et/ou aider le gestionnaire BIM ou les ingénieurs à effectuer des relevés sur place. Cette visionneuse « SmARt » alimenterait facilement le modèle avec des images géolocalisées, accélérant ainsi l’ensemble du processus de contrôle au lieu de le faire manuellement sans possibilité de rassembler toutes les images ou notes à un même endroit. Il s’agit d’une solution portable, qui permet à toutes les personnes présentes sur le site de travailler hors ligne tout ayant la possibilité de communiquer avec nos systèmes existants en utilisant des formats ISO standardisés. Les informations sont également stockées sur un cloud et peuvent être consultées à tout moment par des utilisateurs « non experts en BIM ».
J’ai toujours été un fervent défenseur de l’utilisation des processus BIM pour améliorer la gestion de nos projets. Et dans le cas présent, je pense que le rétro-BIM s’avérera essentiel pour répondre à ce défi spécifique de réaffectation de l’ouvrage, aider à répondre aux exigences spécifiques du projet et améliorer sa coordination globale. Notre travail sur le parking illustre une fois de plus le rôle crucial que joue le BIM dans le suivi et l’adaptation des situations réelles, et la manière de l’utiliser activement pour améliorer les résultats de la rénovation. Surtout lorsqu’elle est associée à la AR.